CONNAITRE  GUSTAVE  CAILLEBOTTE

 

 

SA  TECHNIQUE

 

     

     Gustave Caillebotte fut un peintre singulier, dont on reconnait la plupart des oeuvres au premier coup d'oeil. Ses compositions et ses cadrages étaient audacieux, sa technique picturale souvent non conventionnelle - une oeuvre profondément originale, occultée par celle de ses propres amis, parfois considérée avec ironie par la critique de l'époque. 

 

 

LA  COMPOSITION

 

     C'est par la composition et le cadrage que les oeuvres de Gustave Caillebotte sont souvent immédiatement reconnaissables. 

      

     

 

     Il a tout particulièrement affectionné les vues plongeantes (jamais le contraire, sauf quelques falaises normandes), et ceci dès le début. La "Femme à sa toilette" date de 1873 et témoigne déjà de cette recherche d'angle insolite. L'effet est même dédoublé par l'ajout d'un miroir incliné, créant ainsi un dialogue original et intriguant. Le "Billard"(inachevé) de 1875 est vu sous le même angle, mais ce sont surtout les "Raboteurs de parquet" de 1a même année et "Rue de Paris, temps de pluie" de 1877 qui exploitent pleinement cet artifice. Les critiques de l'époque n'ont pas manqué de se gausser de l'impression de "glissade" qu'il provoque, mais il est intéressant de noter qu'en l'occurrence, le carrefour de la Place de Dublin représenté par la "Rue de Paris" est réellement en pente légère, ce que Caillebotte a remarquablement restitué. 

     Par ses nombreux dessins préparatoires, on sait que Caillebotte a mûrement réfléchi à la composition de ses tableaux, tout spécialement la "Rue de Paris", au point que des analyses poussées ont détecté une utilisation systématique du "nombre d'or" (le rapport mathématique de 1,62) qu'on retrouve en de multiples points du tableau : hasard détecté a posteriori ou intention voulue du peintre ?

     

         

 

     Plus tard, lorsque Caillebotte aura adopté la technique impressionniste, il n'abandonnera pas sa façon plongeante de voir les choses, se positionnant à des étages élevés pour peindre ses différentes versions de la Rue Halévy et du Boulevard Haussmann, ou ses vues presque à la verticale du "Refuge Boulevard Haussmann" ou du "Boulevard vu d'en Haut".

 

     

 

     L'autre originalité de nombreux tableaux de Caillebotte est le rendu de l'effet qu'on appelle en cinéma la "caméra subjective". Il est ici utilisé dans des scènes où le peintre fait partie de l'action, dans un espace qui ne permet aucun recul. Ainsi le spectateur (le peintre) est assis en face du personnage représenté dans les "Les canotiers", "La partie de bateau" ou le pastel "Rameurs sur l'Yerres".

     L'idée et le rendu de cet effet ont sans doute été inspirés et facilités par la photographie et par la disponibilité depuis 1860 des objectifs grand-angulaires. Or il se trouve que le frère de Gustave, Martial, était un pratiquant assidu de la photographie et que tous deux étaient à l'époque très complices dans leurs activités.

 

        

 

     Lorsqu'il découvrit la côte normande, Caillebotte continua de représenter des vues plongeantes vers Trouville et Villers.

 

 

LA TECHNIQUE A PROPREMENT PARLER

 

    Dans sa première période, la palette qu'utilise Caillebotte est sobre et classique et voisine, par exemple, de celle de Courbet ("Raboteurs de parquet") ou de Corot (paysages autour d'Yerres). 

     

     

 

     Ce n'est qu'à partir de 1877-78 que son traitement se rapproche de celui des impressionnistes, avec une palette plus claire et des touches fragmentées, du moins en ce qui concerne les vues en extérieur, ses portraits restant par ailleurs plutôt classiques. 

 

       

 

     Un autre aspect remarquable de certaines toiles de la période impressionniste de Caillebotte réside dans les épaisseurs souvent extrêmes qu'on y trouve. En effet, quand il n'était pas satisfait, il ne râclait pas ses applications comme Manet, par exemple, le faisait : au contraire, il ajoutait couche sur couche, comme dans le rendu de l'eau des différentes "Périssoires" ou du plongeoir des "Baigneurs", dramatisant ainsi une "présence" déjà renforcée par le cadrage serré. 

 

 

 

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